Connais-toi toi-même !
La maxime la plus célèbre de Socrate est extraite d’une inscription gravée au fronton du temple d’Apollon à Delphes. Elle a traversé les siècles et grâce au film Matrix a ressuscité des décombres.
Film que je n’ai vu que très récemment car lors de sa sortie, je pensais que ce n’était qu’un film débile de science-fiction. Il aura fallu une pandémie 21 ans plus tard, pour avoir envie de me plonger dans cette parabole de la matrice.
Le personnage principal fait connaissance avec l’Oracle dans la cuisine de celle-ci. Au-dessus de la porte la cuisine, lieu de prédilection pour faire opérer l’alchimie de transformation, se trouve l’inscription Temet Nosce. Connais-toi toi-même.
Et cette scène m’a projetée 4 ans en arrière, lors d’un stage effectué dans le cadre d’une formation de yoga dans la Drôme.
Notre enseignante nous avait placés, en rang d’oignons, face à une personne du groupe à laquelle nous devions répondre à la question "dis-moi qui tu es." Nous avions 5 minutes pour parler de nous, face à la personne stoïque, qui en gardant un visage le plus neutre possible, écoutait.
Pas un son n’est sorti de ma bouche pendant ces 5 minutes. Je ne savais strictement pas quoi répondre à cette question. La personne en face de moi est restée en silence, essayant de rester, tant bien que mal, dans la neutralité qu’on lui avait imposée malgré le mutisme qui me paralysait.
Tout ce qui était supposé me définir me paraissait tellement dérisoire. Que ce soit mon nom, l’endroit où je suis née, mon métier, ma famille, mes études, ….
J’ai compris bien après que c’était exactement à ce moment-là, au moment où je ne savais plus qui j’étais, que j’ai pu commencer mon chemin d’éveil.
J’ai continué l’exercice avec les 10 autres personnes et au fur et à mesure j’ai pu retrouver la voix ou la voie pour y accéder. Grâce à la qualité de leur écoute, j’ai raconté des choses guidées par une force qui n’était ni mon mental, ni mon égo, avec une sincérité et une justesse qui m’ont permis de comprendre qui j’étais vraiment.
Pas la fille qui essayait toujours tant bien que mal de s’adapter ou de jouer un rôle pour être aimée. Parler depuis mon essence véritable, sans demander l’approbation ou le consentement de la personne qui me fait face. René Char disait « Les mots savent de nous des choses que nous ignorons d’eux. » .
Est-ce facile ? Non, c’est une démarche mouvementée. On a besoin de l’autre ou du groupe pour affronter.
La base de toute religion, de toute spiritualité, de tout développement personnel, repose sur une chose : "Temet Nosce". On ne progresse qu’à mesure qu’on se connaît soi m'aime.
Comments