Lorsque j’avais 5 ou 6 ans, j’avais pour habitude de terminer les repas à table en me tenant debout derrière la chaise de mon père, et sur le bout des orteils, pour le dépasser d’une tête, proclamer, haut et fort : « Moi, je suis le grand chef ».
J’ai repensé à ce petit rituel, dernièrement, lors de la préparation d’un atelier sur nos ombres et lumières et nos agendas cachés, ou ces choses que nous faisons inconsciemment et qui trouvent leurs racines dans la petite enfance. Sans rentrer dans une psychanalyse approfondie, je me suis rendue compte que j’étais toujours en recherche de ce grand chef. Mon père n’a pas pris ce rôle sur lui, mais à défaut d’être autoritaire, il m’a autorisée à être qui « je suis ».
Dernièrement, lors d’un rituel chamanique, j’ai partagé dans le cercle que j’étais prête à rencontrer mon « guru ». Je ressentais toujours ce besoin de pouvoir être enseignée par la présence tranquille d’un maitre. La chamane m’a regardé dans les yeux et m’a dit de but en blanc, "la raison pour laquelle tu ne l’as pas encore rencontré, c’est parce que le maitre c’est toi." J’étais ce grand chef dont se rappelait la petite fille de 5 ans. Qu’il n’y eût pas à le chercher ni auprès de mon père, ni auprès de mes enseignants, ni après de quelconque amoureux ou mon mari, même si l’ironie de la vie a voulu que j’épouse un Maitre (😊).
Le vrai maitre, il ne peut être qu’intérieur. En cherchant le pouvoir à l’extérieur de soi, on devient dépendant, donc constamment en manque et à la merci du bon et mauvais vouloir de l‘image de la personne vénérée. C’est ce que Jésus nous a enseigné en mourant. « Il est avantageux pour vous que je m’en aille, sinon vous allez faire de moi un guru au lieu de découvrir que « je suis » en vous. Ne faites pas de moi une idole."
Comment ne pas faire un parallèle avec certains et nombreux gurus vénérés, dont leur forme humaine n’a pas pu éviter des dérives qui sont restées sous silence jusqu’à aujourd’hui.
Si guru il y a, c’est celui qui vous invite à penser, qui marche à vos côtés et qui ne vous demande pas de s’asseoir à ses pieds. Le seul maitre c’est la vie, le fameux "je suis » qui réveille le maitre intérieur. Je remercie la naïveté de mon innocence d'avoir formulé cette phrase des centaines de fois afin que je m’en rappelle jusqu’à ce jour et j’espère que cette petite fille d'hier est fière du grand chef que « je suis » aujourd'hui.
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